Denise : des questions sur la gestion de la catastrophe sanitaire...
Peut-être faites-vous partie de ceux qui pensent que les catastrophes nous tombent sur la tête par hasard…
Ou peut-être pensez-vous à quelque chose de l’ordre d’une punition divine… Enfin, que c’est la faute des gens, pas assez disciplinés, pas assez vertueux, pas assez économes… Bref, trop jouisseurs…
Ou encore peut-être vous dites-vous que la nature se venge de ce que nous lui avons fait subir…
Pourtant, d’autres hypothèses peuvent s’envisager...
On pourrait se demander si la mondialisation, la globalisation, la délocalisation de la production, le commerce international (qui fait faire parfois jusqu’à deux fois le tour de la terre aux produits avant qu’ils n’arrivent au consommateur) ne favorisent pas outrancièrement le transit des indésirables (aujourd’hui, on pense aux virus, mais n’oublions pas les insectes vecteurs de maladies tropicales qui débarquent en Europe à la faveur du réchauffement climatique!).
On pourrait se demander pourquoi on est si désarmé face à cette pandémie dans notre pays dont on disait naguère, à juste titre, qu’il avait un des meilleurs (voire le meilleur ?) systèmes de santé au monde… Que s’est-il passé ?
Souvenez-vous…
Depuis que l’État nous explique qu’il faut faire des économies, on a réduit le nombre des fonctionnaires (dont les personnels hospitaliers), on a fermé des hôpitaux, des lits, on a serré les budgets, dans l’idée de faire des ces établissements des entreprises rentables, managées comme n’importe quelle entreprise… supposée faire du profit !
Et voilà : au bout de quinze ans environ, le plan « Bachelot » (cette stratégie d’économies à-tout-va) a asséché notre système de santé. Les personnels médicaux le criaient dans la rue depuis plusieurs mois sans que personne ne les entende. Et je ne parle pas de la brutalité avec laquelle on a tenté de faire taire ceux que maintenant on porte aux nues comme des héros. Ils le méritent car, héroïques, ils le sont : avares ni de leur temps, ni de leur générosité, ni de leur abnégation – d’autant plus qu’ils ne sont pas vraiment armés pour la lutte … Puisque les économies réalisées depuis une quinzaine d’années et qui n’ont cessé de s’accroître depuis 2017, ont abouti à ce que l’hôpital manque de tout aujourd’hui.
Le problème est que le temps de la Politique (avec un grand P : celle qui met en action le fonctionnement du pays) est un temps long. L’incubation des mesures mises en place est progressive… Lorsque le résultat devient visible, le citoyen est souvent ignorant de la cause qui a produit ces effets.
Alors, la politique politicienne se débrouille comme elle peut pour justifier son incapacité à faire face :
- des masques ? Pas de problème, on en a…
- D’ailleurs, ça ne sert à rien, un masque…et c’est difficile à mettre
(merci Madame Sibeth Ndiaye, de nous prendre pour des buses !)…
- Mais on en a commandé... un milliard... ils vont arriver... ils sont là... patience...
- Non, c’est vrai, on n’en avait pas en stock, mais ça va arriver…
- etc.
Que peut le citoyen ? Son devoir est de s’informer, se souvenir. Malheureusement, ce ne sont pas les commentateurs sur les plateaux de télé qui vont nous rafraîchir la mémoire. Ceux-là se contentent de pérorer et de broder sur l’évènement. Si l’un d’eux ose faire référence à l’origine du problème ( loi ou décret antérieur), le journaliste animateur du débat le recadre et l’invite illico presto à revenir à maintenant. Comme si maintenant n’était pas le produit d'hier… Ils s’acharnent à forger une société d’amnésiques !
Mais cette fois-ci, nous n’oublierons pas, nous exigerons la défense et même la promotion des services publics.
Denise,
Causse et Diège, le 02/04/2020
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